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Retrait du consentement : comment le RGPD vous redonne la main

Obtenir un « oui » visible ne protège pas toujours votre conformité RGPD. L’autorité exige en effet que le responsable de traitement démontre, documents à l’appui, que chaque accord repose sur un processus valide. Sans preuve rigoureuse, le traitement devient illégal. Découvrons comment mettre en place une traçabilité complète, proportionnée et pérenne.

Retirer son consentement : comment le RGPD redonne la main aux personnes concernées

1) Un droit désormais explicite et pleinement reconnu

D’abord, le droit au retrait n’existait qu’en creux dans la directive 95/46 et dans la loi Informatique et Libertés de 1978. Les autorités l’évoquaient alors comme une simple facette du droit d’opposition, surtout pour les traitements sensibles comme la géolocalisation. Le paysage a changé avec l’article 7 §3 du RGPD : la personne concernée peut retirer son consentement « à tout moment » et doit en être informée avant de donner son accord. Ce passage d’une suggestion à une obligation renforce la logique de contrôle individuel, car le consentement n’est plus présenté comme un contrat figé. Le texte précise également que le retrait n’affecte pas la licéité des opérations déjà réalisées, ce qui protège la sécurité juridique des entreprises.

En parallèle, la directive ePrivacy, toujours en vigueur pour les cookies et les données de communications électroniques, exige elle aussi un retrait clair et immédiat. Ainsi, les régulateurs disposent d’une base solide pour rappeler que le consentement constitue une permission temporaire plutôt qu’un blanc‑seing illimité. Cette reconnaissance légale s’inscrit dans la philosophie de responsabilisation : le responsable de traitement doit anticiper le retrait dès la conception du service, documenter la procédure et prévoir un plan de sortie propre qui respecte les droits des personnes.

2) L’équivalence des moyens : rendre le « non » aussi simple que le « oui »

Ensuite, le RGPD impose un principe d’équivalence, souvent appelé parallélisme des formes : retirer son consentement doit être « aussi facile » que de le donner. La logique est simple : si un clic suffit pour accepter, un clic doit suffire pour refuser. Pourtant, de nombreux services compliquent encore la démarche : lien caché dans un courriel, formulaire papier à envoyer par courrier, délai de traitement prolongé. Ces pratiques violent l’esprit comme la lettre du règlement.

La CNIL a déjà sanctionné des plateformes sociales pour avoir exigé trois clics et plusieurs écrans afin de refuser des cookies alors qu’un unique bouton permettait de tout accepter. Pour rester conforme, le responsable de traitement doit concevoir son interface avec un design symétrique : deux boutons juxtaposés d’importance visuelle équivalente, un tableau de préférences facile d’accès dans le compte client et, surtout, une option permanente de retrait dans chaque communication marketing. La simplicité va de pair avec la gratuité : exiger un abonnement payant pour se désinscrire ou réduire la qualité du service si la personne refuse les cookies de suivi constitue une pression indirecte qui annule la liberté du choix.

Le DPO doit donc revoir régulièrement les parcours utilisateurs, tester la clarté des messages et corriger tout procédé trompeur. En procédant ainsi, l’organisation rassure ses clients, car elle prouve qu’elle mise sur la confiance plutôt que sur la contrainte.

3) Effets immédiats : stopper, effacer, ou basculer sur une autre base juridique

Cependant, la possibilité de retrait entraîne des devoirs opérationnels immédiats. Dès que la demande arrive, le responsable de traitement doit cesser les opérations fondées sur le consentement : collecte, analyse, transfert ou prospection. Dans une base marketing, cela signifie retirer l’adresse courriel des listes d’envoi ; dans une application mobile, cela implique de supprimer ou d’anonymiser les identifiants de suivi. Le règlement autorise néanmoins la poursuite du traitement si une autre base juridique existait déjà et reste pertinente.

Par exemple, les factures liées à un contrat doivent être conservées pour satisfaire une obligation légale fiscale, même si le client a retiré son accord pour la prospection. De même, une société qui veut continuer la relation contractuelle peut basculer le traitement d’adresse postale sous la base « exécution du contrat », à condition d’avoir documenté ce changement avant de reprendre les opérations.

En pratique, la clé réside dans une cartographie claire : chaque catégorie de données, chaque finalité, chaque fondement. Sans cette matrice, l’entreprise risque d’effacer des informations qu’elle devait garder ou, inversement, de conserver des données sans base valable. La CNIL vérifie ce point lors des contrôles : elle demande les registres, les procédures internes et les logs attestant de l’arrêt effectif. Un retard ou une ambiguïté peut entraîner une amende, même sans atteinte à la vie privée.

Par prudence, il est conseillé de mettre en place un workflow automatisé qui déclenche un signal d’arrêt et notifie aussi les sous‑traitants. Le contrat article 28 doit prévoir ce devoir de coopération, faute de quoi le donneur d’ordre reste responsable en cas d’inaction du prestataire.

4) Transparence et gouvernance : informer, tracer et auditer en continu

Enfin, l’entreprise ne peut pas opérer le retrait dans l’ombre. Le principe de transparence exige de signaler à la personne les conséquences de son choix : arrêt de l’envoi de la newsletter, suppression des cookies de mesure ou maintien des factures pour raisons légales. Elle doit aussi confirmer la bonne prise en compte de la demande, idéalement par un courriel de synthèse. Si le traitement se poursuit sur une nouvelle base, elle doit l’expliquer clairement et indiquer les droits correspondants. Cette démarche renforce la confiance et limite les contentieux.

En parallèle, la traçabilité reste essentielle : le responsable conserve la date du retrait, l’identité de la personne, la liste des traitements impactés et la preuve de la désactivation. Ces données, limitées au nécessaire, servent de bouclier lors d’un litige. L’organisation doit également auditer sa procédure : fréquence des retraits, délais de traitement, taux de plaintes. Ces indicateurs nourrissent le programme d’amélioration continue prôné par le RGPD. Les tests d’intrusion, les revues de code et les simulations de demande d’effacement complètent ce dispositif.

Enfin, la culture interne joue un rôle décisif : former les équipes marketing, relation client et IT à reconnaître une demande de retrait, à la qualifier et à la transmettre au DPO réduit le risque d’erreur humaine. Cette approche globale transforme l’obligation légale en avantage concurrentiel, car un parcours clair de retrait incarne le respect et la transparence, valeurs recherchées par les consommateurs.

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