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Quand le public n’excuse rien : comprendre le droit moral des artistes-interprètes

Vous aimez un film ou un concert ? L’émotion vient autant de l’œuvre que de celles et ceux qui la font vivre. Le droit moral des artistes-interprètes protège cette part intime de la création : leur nom, leur voix, leur jeu. Découvrez comment la loi organise ce bouclier, quand il s’applique et jusqu’où il va.

1) Le droit au nom : être reconnu, toujours

D’abord, l’article L 212-2 du Code de la propriété intellectuelle donne à chaque interprète le droit d’être nommé correctement. Affiches, jaquettes, génériques, billets, podcasts : la mention doit être exacte, complète et visible. Ensuite, cette mention couvre aussi le pseudonyme ou, à l’inverse, l’anonymat. Ainsi, un chanteur peut exiger que l’on utilise son nom de scène plutôt que son état civil. Par ailleurs, la justice sanctionne toute omission volontaire ou toute orthographe fantaisiste.

Un disque sorti sans le nom d’un musicien, un livre sur un spectacle qui oublie la comédienne co-créatrice : dans ces cas, les juges ordonnent souvent le retrait des supports ou le versement de dommages-intérêts.

De plus, le nom collectif d’un groupe appartient à tous ses membres. Si l’un d’eux quitte l’aventure, il peut bloquer son usage, sauf accord différent. Enfin, seules des contraintes matérielles évidentes – format d’un jingle radio, taille d’une icône – autorisent une non-mention. La loi reste pragmatique, mais le principe reste clair : pas de prestation sans crédit loyal.

2) Le respect de la prestation : droit moral des artistes-interprètes et dénaturation

Ensuite, le même article protège le « respect de l’interprétation », composante du droit moral des artistes-interprètes. Chaque modification qui change le sens, la couleur ou l’émotion initiale porte atteinte au droit moral. Par exemple, superposer des bruits à un solo de violoncelle détourne l’attention du public. De même, couper brutalement une chanson pour rythmer un défilé de mode peut ruiner son crescendo.

Cependant, toutes les coupes ne sont pas prohibées. Les juges recherchent une « atteinte essentielle ». Ainsi, une publicité qui pose un léger effet d’écho mais garde l’esprit original reste licite. À l’inverse, un DVD qui ressort des enregistrements anciens sans remastering sonne mauvais ; la cour d’appel de Paris l’a jugé contraire au droit moral d’Henri Salvador.

Par ailleurs, l’utilisation dans un contexte politique ou électoral appelle une vigilance accrue : si le message heurte l’image voulue par l’artiste, l’interdiction tombe. Enfin, le droit au respect couvre aussi l’usage d’extraits. Une agence doit donc vérifier que ses montages, remixes ou compilations n’abîment ni le texte ni la sensibilité de l’interprète.

3) L’autorisation d’utilisation : un accord écrit indispensable conséquence du droit moral des artistes-interprètes

Cependant, le droit moral ne sert pas qu’à dire non. L’article L 212-3 exige un accord écrit avant toute fixation, copie ou diffusion.

  • D’abord, ce document précise le support : salle, télévision, streaming, vinyle ou jeu vidéo.
  • Ensuite, il décrit la zone géographique et la durée.

Ainsi, filmer un concert pour YouTube n’ouvre pas le droit de tirer un DVD, sauf clause explicite. De plus, toute utilisation non listée reste interdite par défaut. Les juges interprètent ces contrats de façon stricte. Par exemple, un clip prévu pour trois diffusions télé ne peut devenir une bande-annonce de film sans avenant. Par ailleurs, depuis la loi LCAP de 2016, chaque droit cédé doit figurer dans une ligne distincte, avec sa destination précise. Enfin, si un producteur veut étendre l’exploitation, il doit renégocier. Cette formalité protège l’artiste et évite les surprises.

4) Limites légales : licence légale et cession audiovisuelle

Pourtant, deux mécanismes encadrent ce pouvoir issu du droit moral des artistes-interprètes.

  • D’abord, la licence légale. Dès qu’un disque sort dans le commerce, l’interprète ne peut s’opposer à sa diffusion en radio, dans les cafés ou par câble. En échange, il touche la « rémunération équitable », gérée par les sociétés collectives.
  • Ensuite, la présomption de cession audiovisuelle. Signer un contrat de tournage – ou, parfois, une simple feuille de présence – vaut autorisation de fixer, copier et diffuser la prestation dans le film. Ainsi, la comédienne ne peut bloquer la vente DVD si elle a validé le tournage.

Cependant, ces dispositifs ne suppriment pas le droit moral. L’artiste peut toujours exiger la mention de son nom et refuser la dénaturation. Par ailleurs, les rémunérations prévues restent négociables ; elles compensent la perte de contrôle total.

Enfin, la loi laisse une porte ouverte : si l’usage envisagé était imprévisible lors du contrat, une clause expresse reste nécessaire.

Conclusion

Le droit moral des artistes-interprètes repose sur trois idées simples. D’abord, toujours citer le nom exact. Ensuite, ne jamais dénaturer la prestation. Enfin, demander un accord écrit avant tout usage hors contrat. Appliquez ces règles et vous éviterez la plupart des conflits. Besoin d’un conseil ? Gardez chaque version signée de vos autorisations ; vous pourrez ainsi prouver la portée des droits que vous avez confiés.

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