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NIS 2 : les obligations clés pour 2025

La directive européenne NIS 2 est la pièce maîtresse de la nouvelle stratégie de cybersécurité de l’Union. Elle impose dès 2025 un socle d’exigences technique et organisationnel à un nombre inédit d’entreprises. Comprendre ces obligations NIS 2, c’est déjà sécuriser votre activité et éviter des sanctions financières pouvant atteindre 10 millions d’euros.

NIS 2 : les obligations clés pour 2025

Champ d’application élargi : qui est visé ?

NIS 2 étend le périmètre bien au‑delà des « opérateurs essentiels » définis en 2016. Désormais, toute organisation employant au moins 250 personnes ou réalisant 50 millions d’euros de chiffre d’affaires dans l’un des 18 secteurs critiques – santé, énergie, numérique, eau, transport, banque, etc. – devient une entité dite « essentielle ». Les structures plus petites, mais stratégiques pour l’économie ou la société, sont classées « importantes ».

Les deux catégories devront respecter les mêmes obligations NIS 2 ; seul le régime de contrôle varie. La liste précise sera établie par chaque État membre. Attention : les sous‑traitants techniques (cloud, datacenters, MSSP) ne sont pas épargnés. Ils doivent coopérer et fournir les informations nécessaires aux autorités.

Cette extension reflète un constat simple : l’interconnexion génère des risques systémiques. Le texte impose donc une couverture transversale, incluant les chaînes d’approvisionnement numériques et les filiales hors UE si elles desservent le marché européen.

Les entreprises présentes dans plusieurs pays devront gérer des exigences harmonisées, mais les autorités nationales conservent la main sur les contrôles. Pour estimer votre statut, cartographiez vos activités, vos effectifs et votre chiffre d’affaires, puis comparez‑les aux seuils de l’article 2 de la directive 2022/2555. Si le doute persiste, préparez‑vous comme si vous étiez couvert : mieux vaut devancer l’obligation que la subir.

Gouvernance et gestion des risques : le cœur de la conformité cybersécurité

La nouvelle mouture consacre la responsabilité directe du dirigeant. L’article 20 impose aux organes de direction de définir une politique de cybersécurité, d’allouer un budget suffisant et de suivre des indicateurs de performance. Un système de gestion des risques documenté devient obligatoire. Il doit couvrir l’analyse des menaces, les mesures techniques (chiffrement, segmentation réseau), les procédures de sauvegarde et les tests réguliers.

Le texte insiste aussi sur la sécurité de la chaîne d’approvisionnement. En effet, chaque contrat crucial doit comporter des clauses de sécurité et d’audit, conformément à l’article 21. Le guide technique ENISA 2025 propose une matrice de preuves attendues, allant de l’inventaire des actifs à la gestion des vulnérabilités. Il recommande d’adopter des normes reconnues telles qu’ISO 27001 ou le cadre CIS, puis de les compléter par une gouvernance juridique claire.

NIS 2 suggère aussi un objectif de « zéro confiance » dans l’architecture réseau. Les flux doivent être cloisonnés et surveillés en permanence. Le conseil d’administration doit recevoir, deux fois l’an, un rapport synthétique qui évalue le niveau de maturité et les écarts résiduels. Une session de formation annuelle, axée sur les scénarios de crise, devient impérative. Les PME bénéficient du principe de proportionnalité, mais elles restent redevables d’un « niveau de sécurité approprié » ajusté à leurs risques propres.

Pour atteindre la conformité cybersécurité, prévoyez un tableau de bord trimestriel, un exercice de simulation de crise par an, un plan de continuité mis à jour et une revue de code avant chaque mise en production majeure.

Signalement des incidents : un compte à rebours serré

Le temps est compté dès qu’un incident perturbe vos services. L’article 23 instaure un triple horizon :

  • alerte précoce dans les 24 heures,
  • notification complète sous 72 heures,
  • rapport final un mois plus tard.

Chaque étape doit parvenir au CSIRT national, en France l’ANSSI, et, le cas échéant, à vos clients et partenaires concernés. Le modèle de rapport standardisé, élaboré par la Commission et ENISA, exige la chronologie des faits, l’impact technique et financier, ainsi que les contre‑mesures engagées.

Le guide ENISA indique aussi des seuils de criticité. Un service essentiel arrêté plus de deux heures, ou une fuite de données touchant plus de 10 000 utilisateurs déclenche l’alerte immédiate. Un incident déclaré de mauvaise foi ou hors délai peut entraîner des sanctions.

En pratique, préparez des fiches réflexes : points de contact, critères de gravité, procédure de validation interne et trame de communication externe. Le Guide ANSSI sur la remontée d’événements conseille également de tenir un journal d’événements horodaté et synchronisé pour prouver votre diligence. Documentez les leçons après chaque incident ; elles alimenteront votre plan d’amélioration continue et réduiront vos primes d’assurance. N’oubliez pas les obligations RGPD en parallèle si des données personnelles sont impliquées. Une seule crise mal gérée peut doublement coûter : arrêt d’activité et amende. Un entraînement régulier minimise ce risque et renforce la résilience organisationnelle.

De plus, un dispositif de coordination européenne baptisé « EU‑CyCLONe » facilitera l’échange d’informations en cas d’incident majeur transfrontière. Votre équipe juridique doit donc vérifier que les clauses de confidentialité de vos contrats permettent ce partage sans contrevenir à d’autres cadres, notamment le secret des affaires.

Contrôles, sanctions et articulation avec DORA : vigilance renforcée dès 2025

Les autorités disposent d’un éventail de pouvoirs : audits sur pièce ou sur place, scans de vulnérabilités et interrogations des dirigeants. Les amendes peuvent atteindre 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial, avec une responsabilité personnelle en cas de négligence grave.

Les entités financières relèvent déjà du règlement DORA, lex specialis qui prime sur NIS 2 pour la gestion des risques TIC. Elles devront néanmoins concilier les deux régimes, notamment pour la notification des incidents et le suivi des prestataires critiques. En France, l’ANSSI coopère avec la Banque de France pour éviter les doublons.

Le pouvoir d’injonction pourra aller jusqu’à la suspension temporaire d’une activité numérique lorsqu’un risque systémique est identifié. Pour garder une longueur d’avance, planifiez un audit blanc fin 2024, puis une revue annuelle. Intégrez les obligations NIS2 dans votre politique fournisseur et revisitez vos clauses de résiliation. Conservez, durant dix ans, tous les rapports d’audit et de test, comme l’exige le projet d’acte d’exécution de juin 2025.

Gardez à l’esprit que la directive encourage la publication des sanctions ; votre réputation est en jeu. La conformité cybersécurité devient un avantage concurrentiel : valorisez‑la auprès de vos clients. E

nfin, si votre siège est hors UE mais que vous fournissez des services sur le marché européen, vous devrez désigner un représentant légal dans l’Union, chargé de dialoguer avec les autorités. Cette obligation s’inspire du RGPD et garantit l’exécution effective des décisions.

Conclusion

En 2025, les obligations NIS 2 redéfiniront les standards de sécurité dans presque tous les secteurs stratégiques. Élargissement du champ d’application, gouvernance exigeante, reporting accéléré et sanctions significatives composent un cadre ambitieux mais cohérent. Pour transformer cette contrainte en levier, adoptez dès maintenant une stratégie intégrée. Commencez par un diagnostic de maturité, consolidez votre gouvernance, négociez des contrats robustes et testez vos procédures de crise. Cette démarche graduelle sécurise vos opérations et rassure vos partenaires. Gardez le calendrier en tête : la transposition doit intervenir au plus tard le 17 octobre 2024 et les contrôles démarreront dès janvier 2025.

Enfin, surveillez l’actualité réglementaire : des actes d’exécution préciseront encore les métriques et les modèles de rapport. Rester informé, c’est déjà se protéger. L’essentiel est de passer d’une approche réactive à une posture préventive.

Deshoulières Avocats vous conseille et vous accompagne dans la mise en conformité cybersécurité, de l’audit initial à la défense en cas de contentieux NIS 2.

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