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Publicités mode & inclusion : les nouveaux standards ARPP 2024

La publicité mode change de visage. L’ARPP impose depuis 2024 de nouveaux standards qui placent la diversité, la publicité responsable et le handicap au cœur des campagnes. Comprendre ces règles est essentiel pour limiter le risque juridique, protéger sa réputation et parler enfin à tous les consommateurs. La mise en conformité demande méthode, mais elle ouvre aussi des perspectives créatives inédites pour les marques qui savent s’en emparer.

1) Pourquoi l’ARPP renforce ses règles sur la diversité dans la publicité mode ?

La mode vit de l’image. Pourtant, trop longtemps, une image uniforme a prévalu : silhouettes jeunes, valides, souvent blanches. Dès 2004, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a inscrit le respect de la personne dans son code. Le 18ᵉ bilan « Publicité » publié en 2024 confirme l’intention : la représentation de la diversité n’est plus un simple souhait, c’est un principe déontologique.

D’abord, la société l’exige. Les réseaux sociaux dénoncent immédiatement les clichés sexistes ou validistes et les hashtags #WeAreAllBeautiful ou #DisabledAndStylish cumulent des millions de vues. Ensuite, le législateur s’invite. Les lois sur l’influence commerciale, l’accessibilité et la lutte contre les discriminations s’étoffent ; les sanctions financières deviennent tangibles. Enfin, la concurrence évolue : les marques qui montrent toutes les morphologies prennent de l’avance, fidélisent et vendent plus.

Face à ce triple mouvement, l’ARPP ne pouvait rester statique. Elle a donc actualisé sa recommandation « Image et respect de la personne » et a lancé son premier observatoire « Handicaps & Diversités ». Ces outils visent à distinguer les entreprises sincères de celles qui pratiquent le « diversity washing ». Concrètement, toute campagne doit éviter les stéréotypes raciaux et sexistes, mais aussi illustrer des situations de handicap sans paternalisme. Les visages et les corps singuliers ne sont plus périphériques : ils deviennent centraux. Les annonceurs doivent intégrer ce changement stratégique dès la phase créative. Ils prouvent qu’ils évaluent le scénario, le casting et le message au prisme de la diversité. Faute de quoi, le Jury de déontologie publicitaire peut sanctionner et la polémique en ligne peut exploser en quelques heures.

Ainsi, la pression combinée des consommateurs, des pouvoirs publics et des pairs transforme la diversité en standard de qualité. La mode, parce qu’elle se vend d’abord par l’image, devient le champ d’application privilégié de cette nouvelle exigence.

2) Les points clés des nouveaux standards 2024 : visibilité du handicap et représentations plurielles

Le socle technique des standards 2024 repose sur cinq axes.

  • Premièrement, la publicité doit montrer la diversité réelle : âges, tailles, origines, identités de genre, handicaps. Un spot pour une ligne de jeans inclura par exemple un modèle en fauteuil et une personne âgée, sans mention spéciale, pour banaliser leur présence.
  • Deuxièmement, la scène doit respecter la dignité : on évite les métaphores médicales ou l’exotisme.
  • Troisièmement, la mode doit anticiper l’accessibilité numérique. Sous-titres, audiodescriptions et contrastes suffisants deviennent la norme, notamment sur TikTok et Instagram où l’Influence Responsable, pilotée par l’ARPP, impose un étiquetage clair des partenariats.
  • Quatrièmement, la marque bannit toute retouche excessive qui crée une apparence impossible : la diversité corporelle se prouve aussi par l’authenticité des images.
  • Cinquièmement, le discours reste positif : qualifier une personne handicapée de « modèle inspirant » devient paternaliste si cette mention l’isole du reste du groupe.

Ces principes s’accompagnent d’exigences concrètes : mention du prix sur fond contrasté pour les malvoyants, police minimum de douze points en affichage, balise alt précise pour chaque photo e-commerce. Le contrôle se fait à la fois a priori, via le copy-advice de l’ARPP, et a posteriori, grâce à l’observatoire qui analyse des milliers de visuels.

Chaque année, l’organisme publie un tableau de bord : type de média, nombre d’images contrôlées, taux de conformité. Si la courbe progresse, elle révèle aussi des angles morts, notamment dans les campagnes internationales adaptées localement. Les studios créatifs doivent donc internaliser ces métriques : ajuster le brief photographique, utiliser des banques d’images inclusives et mettre à jour leur logiciel de retouche. En agissant ainsi, ils transforment une contrainte réglementaire en moteur de créativité. La publicité mode gagne en authenticité ; elle parle à un marché plus large, estimé par Kantar à plus de 15 % de la population française en situation de handicap sensoriel ou moteur. Cette base client, souvent négligée, dispose pourtant d’un fort pouvoir d’achat et d’une influence sociétale grandissante.

3) Conséquences pour les annonceurs : conformité, responsabilité et preuve

Adopter les standards ARPP 2024 n’est pas qu’un geste éthique : c’est une nécessité juridique et commerciale. Sur le plan réglementaire, ignorer ces règles déclenche plusieurs mécanismes.

  • D’une part, le Jury de déontologie publicitaire peut rendre une décision publique, entraînant une crise d’image.
  • D’autre part, les associations et les autorités administratives agissent sur le fondement du droit antidiscrimination, du Code du travail ou de la loi Égalité et citoyenneté.

Enfin, les plateformes suspendent les annonces non conformes à leurs politiques internes, souvent alignées sur celles de l’ARPP. Sur le plan civil, une publicité jugée dénigrante ouvre la voie à une action en responsabilité délictuelle ; la jurisprudence récente renforce la réparation du préjudice moral collectif.

Commercialement, la conformité devient un argument. Les distributeurs exigent désormais une charte diversité des fournisseurs. Les investisseurs intègrent le critère « social » de l’ESG ; une publicité non inclusive peut pénaliser la notation extra-financière.

Pour gérer ces risques, les marques instaurent une gouvernance claire. Un référent diversité, rattaché à la direction juridique ou communication, centralise la veille, forme les équipes, suit les indicateurs, documente les choix de casting et conserve le script validé. Un registre des validations ARPP constitue une preuve en cas de litige. Les PME peuvent mutualiser cette fonction via les fédérations professionnelles ; le coût reste raisonnable, le bénéfice en réputation est immédiat. À l’inverse, l’absence de procédure transforme chaque incident en faute lourde : la presse spécialisée relaie volontiers les failles et les réseaux sociaux amplifient la sanction. Par conséquent, la conformité n’est plus un simple label ; elle structure la compétitivité, rassure et ouvre l’accès à des marchés publics exigeant des clauses RSE strictes. Le respect des standards ARPP devient ainsi un levier de différenciation et d’innovation.

4) Influenceurs et médias sociaux : un terrain d’application stratégique

Depuis l’explosion du marketing d’influence, la frontière entre publicité et contenu spontané s’estompe. L’ARPP l’a compris : son programme « Influence responsable » fixe désormais un cap précis pour les collaborations, y compris dans la mode.

D’abord, l’influenceur doit appliquer des standards de diversité, comme tout annonceur. Un partenariat qui met en avant une collection inclusive mais oublie de sous-titrer la vidéo tombe sous le coup des nouvelles règles. La responsabilité est partagée : la marque fournit un brief rappelant les exigences ARPP, l’influenceur s’engage à les respecter. Un contrat écrit prévoit des sanctions et impose la validation préalable des contenus.

Les plateformes renforcent cette co-responsabilité : Instagram, YouTube ou TikTok disposent d’outils de signalement et un retrait en 24 heures peut ruiner une campagne. Le public repère vite l’opportunisme : montrer la diversité sans y croire expose à l’accusation de « washing ».

L’Observatoire 2024 de l’ARPP révèle une tendance encourageante : la proportion de collaborations conformes progresse, mais le handicap reste sous-représenté. Les formats courts offrent une opportunité unique : présenter des vêtements adaptés au handicap en situation réelle. Une vidéo montrant l’ouverture aimantée d’une veste sur une personne tétraplégique parle plus qu’un visuel statique ; elle prouve l’utilité du produit et respecte le principe de normalité.

Enfin, l’intelligence artificielle générative s’invite. Des images hyperréalistes peuvent simuler la diversité, mais l’ARPP rappelle que la représentation doit rester sincère. Si le mannequin n’existe pas, l’annonceur doit en informer le public. Sans cette transparence, la publicité peut être jugée trompeuse et discriminatoire. Les équipes digitales composent donc avec ces outils tout en gardant l’impératif d’inclusion réelle. Le succès dépend d’une organisation rigoureuse et d’une sensibilité créative : la publicité mode retrouve ainsi sa vocation première, raconter des histoires accessibles à tous.

Conclusion

Les nouveaux standards ARPP 2024 transforment la publicité mode. Ils imposent la diversité et la visibilité du handicap, du casting à la diffusion. Les marques qui anticipent ces obligations gagnent en confiance et en réputation. Celles qui tardent s’exposent à des sanctions et à des crises brutales. Mieux vaut intégrer ces règles dès la conception des campagnes et se faire accompagner. Une démarche inclusive n’est pas un coût ; c’est un investissement durable.

Deshoulières Avocats vous conseille et vous accompagne à chaque étape de vos projets publicitaires afin de sécuriser votre image et de valoriser votre engagement inclusif.

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RESSOURCES :

  • ARPP – 18ᵉ bilan diversité (arpp.org)
  • ARPP – Influence responsable (arpp.org)
  • ARPP – Observatoire 2024 (arpp.org)
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